Le quatrième mur

Affiche le quatrième mur cadreAffiche le quatrième mur
2024Drame1H 56minFrance
De David Oelhoffen
Par David Oelhoffen
Avec Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa
Synopsis

Liban, 1982. Pour respecter la promesse faite à un vieil ami, Georges se rend à Beyrouth pour un projet aussi utopique que risqué : mettre en scène Antigone afin de voler un moment de paix au cœur d’un conflit fratricide. Les personnages seront interprétés par des acteurs venant des différents camps politiques et religieux. Perdu dans une ville et un conflit qu’il ne connaît pas, Georges est guidé par Marwan. Mais la reprise des combats remet bientôt tout en question, et Georges, qui tombe amoureux d’Imane, va devoir faire face à la réalité de la guerre.

 

Critique : "Abus de ciné"
David Oelhoffen nous propulse en quelques secondes en pleine guerre civile au Liban, en 1982, alors que Laurent Lafitte (Georges) et son chauffeur (Simon Abkarian) sont pris entre deux feux, se retrouvent face à un tank, et doivent trouver refuge dans un immeuble à moitié en ruines. Un flash-back, un an plus tôt à Paris, suffit alors pour nous expliquer les raisons de la venue du personnage principal en ces lieux : mettre en scène "Antigone" de manière œcuménique, en impliquant des interprètes chrétiens, chiites, arméniens, druzes et palestiniens. Une entreprise que l’on va suivre grâce à un personnage obstiné, décidé d’abord à effacer les différences (linguistiques et religieuses) pour parvenir à son glorieux objectif, puis contraint de composer avec les exigences plus ou moins raisonnables et existentielles des uns et des autres.
Au fil des visites aux familles des interprètes ou des rencontres avec les factions en place, Oelhoffen parvient à disséquer la complexité de la guerre civile et de la division du territoire en communautés souvent armées. Autour des points de frictions (une tension réelle habite le métrage), ce sont des demandes de dignité, de respect des coutumes, de représentativité, de conception de la vie ou la mort qui viennent se heurter les unes aux autres. Grâce au regard d’un Laurent Lafitte tout juste habité, qui épouse quelque part celui des athées ou des puristes de l’art en soi, le film questionne sur la possibilité des interprètes d’être « juste des acteurs », en dehors de toute influence religieuse mais pas culturelle, mais aussi sur la nature même du jeu des artistes (en tant que comportement mensonger ou au contraire de compréhension d’autres façons d’être). Au delà, il explore intelligemment, et cela est particulièrement d’actualité (non seulement entre religions, mais entre politiques ou citoyen), l’opposition supposée entre « compromis » et « pureté », avec les confusions qui en découlent.
Livrant en second plan un portrait de la manière de « vivre au Liban » qui ne rassure pas forcément, "Le Quatrième Mur" (c’est à dire le dialogue ou la complicité avec le spectateur, mur que seul le metteur en scène est ici autorisé à passer), parvient à faire d’un sujet doublement littéraire un récit marquant où la violence finit par faire irruption alors que les ententes sont proches. Peu optimiste, le film bénéficie d’une mise en scène qui montre à la fois l’étrange beauté de lieux abîmés (le plan sur la brume et quelques rayons de soleil à l’aube), sans cacher les trahisons visant à la survie ou les actes barbares des uns et des autres (le plan séquence à la caméra flottante et au son proche de la vibration, dans le camp palestinien). Un film, adapté du Prix Goncourt des lycéens 2013 signé Sorj Chalandon, qui prend aux tripes et questionne fort justement la possibilité d’une paix entre humains se réclamant de différentes religions.

Séances
Mercredi 5 Février à 20H30 Salle 2 G Méliès
Jeudi 6 Février à 20H00 Salle 2 G Méliès
Samedi 8 Février à 18H15 Salle 2 G Méliès
Mardi 11 Février à 18H00 Salle 2 G Méliès
Évènement lié au film
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Bande-annonce