All we imagine as light


2024Drame1H 55minFrance, Inde, Italie, Luxembourg, Pays Bas
De Payal Kapadia
Par Payal Kapadia
Avec Kani Kusruti, Divya Prabha, Chhaya Kadam
Synopsis
Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s'interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d'un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient enfin la promesse d'une liberté nouvelle.
Critique :
All We imagine As Light arbore un naturalisme à fleur de peau, dédié à ces anonymes sur lesquels il choisit arbitrairement de se concentrer.
De ce flux incessant de trains et de gens émergent ainsi Prabha (Kani Kusruti) et Anu (Divya Prabha). Toutes les deux sont infirmières en plus d’être colocataires. La première, introvertie et impassible, se refuse à toute relation depuis que son mari est parti travailler en Allemagne, la laissant sans nouvelles. La seconde, plus jeune et frondeuse, cache comme elle peut la relation qu’elle essaie d’entretenir avec un garçon musulman.
Ces deux amours impossibles constituent le point de jonction du long-métrage, un croisement des sentiments où les deux femmes se rendent compte qu’au fond, il ne reste plus qu’elles. Bien qu’esseulés et écrasés par cette mégapole bruyante, ces personnages magnifiques n’abandonnent jamais vraiment.
La mise en scène a beau renforcer par l’oppression urbaine celle d’une Inde fracturée sur le plan économique et social, Prabha et Anu entretiennent une sororité des plus touchantes, et progressent ensemble, contre le vent et contre une intrigue qui ne se cherche jamais de fortes péripéties pour justifier son avancée. Dans ce flottement sensuel, d’une délicatesse folle, le ballet qui se crée entre les corps et la caméra atteint régulièrement des moments de grâce et de douceur salvateurs, en quête de relaxation et de paix intérieure. Serait-on face à un nouveau dogme, à un cinéma-ASMR hypnotique et introspectif (c’est un compliment) ?
Si c’est le cas, All We Imagine As Light fait de ses personnages optimistes les équivalents parfaits de ces vidéastes rassurants, qui s’adressent directement à la caméra avec des pensées positives, telles des figures parentales nous cajolant face à l’horreur du monde.
L’été indien
A voir Prabha enlacer un cuiseur à riz, seul cadeau reçu par son mari distant, on pense à cette façon de personnifier les objets du quotidien, d’en tirer des sons et des émotions. Le film se concentre sur la matérialité très concrète de la ville pour mieux s’en délester, d’autant que Payal Kapadia s’attache à une troisième femme, Parvaty (Chhaya Kadam), expulsée de son appartement et contrainte de retourner vivre dans son village natal en bord de mer.
Face à la violence d’un Mumbai insensible et indifférent, qui recrache les plus précaires, le long-métrage opère lui-même sa transition vers un retour à la nature. Cette dualité peut sembler un poil grossière, mais embarque toujours plus ses personnages vers un mysticisme envoûtant, vers une solidarité qui – et c’est la force du film – semble presque palpable. Payal Kapadia ne fait pas qu’extraire des anonymes de la foule. Elle les dote d’une sensorialité poussée dans ses retranchements, qui donne à sa chronique pleine d’espoir cette saveur si particulière et charmante.
Séances
Mercredi 5 Février à 18H00 (VO-ST) Salle 2 G Méliès
Vendredi 7 Février à 18H00 (VO-ST) Salle 2 G Méliès
Lundi 10 Février à 20H00 (VO-ST) Salle 2 G Méliès
Évènement lié au film
Pour en savoir plus, cliquez sur : Dossier de presse
Bande-annonce